Extension du golf de Gourjade : quelques éléments de réflexion
Dernière mise à jour : 23 mars

Concernant l’extension du golf de Gourjade, ci-après quelques éléments de réflexion à partir du dossier d’autorisation environnementale (AE) de 672 pages, accessible sur le site ville de Castres rubrique « urbanisme » puis « enquêtes publiques ». En italique, les commentaires de l’AE
1- Extension du golf sur 29 nouveaux hectares pour 9 trous.
Le golf actuel porte sur 33 ha pour 9 trous, donc la densité de l’extension et de la partie aménagée du site/ partie restant naturelle sera supérieure. L’extension va conduire à aménager la totalité de Gourjade au sud de l’Archipel jusqu’à Bouffanet à l’Est et les jeux d’enfants à l’Ouest, soit 62ha (voir les plans et descriptif du projet joints).
2-Sur le plan environnemental :
Le site présentera une certaine artificialisation végétale, puisque les prairies naturelles actuelles seront engazonnées avec 2 espèces exclusives de graminées (Pour ce projet il sera utilisé un mélange de graminées composé de 40% de Ray Grass Anglais de dernière génération et de 60% de fétuques Rouges p124 du dossier autorisation environnementale)
Ce gazon nécessitera un entretien avec produits phytosanitaires : 6000 kg d’intrants – produits de bio-contrôle de nouvelle génération - au maximum par an, et 104 à 146 kg (ou litres) d’herbicide homologué sélectif au maximum par an sur les greens sont utilisés pour les besoins d’entretien du golf p129 .
Des travaux de déblais remblais seront nécessaires sur les parties apparaissant sur le plan joint : sud archipel et Bouffanet. Le terrassement général du parcours de golf prévoit environ 9540 m3 de terrassement en déblais/remblais sur site. Dans un souci écologique, les terres excavées seront toutes réutilisées dans l’emprise du projet en respectant les différents horizons des terres p124. Ces terrassements concernent une superficie de 5,2 ha, soit 8 % de la surface totale du golf p149.
Prélèvement accru de l’eau dans l’Agoût : L’analyse du réseau existant montre une consommation théorique de 350 m3, ajouté à la consommation de l’extension de 550 m3, cela amène à une consommation totale de 900 m3/cycle d’arrosage dans les cas les plus défavorables. Dans le but de réduire les consommations en eau, le projet prévoit entre autres l’utilisation d’espèces de graminées peu consommatrices en eau et le recours à un arrosage raisonné p128.
Le maître d’ouvrage s’engage à respecter le débit minimum biologique de l’Agout de1.75 m 3/s au droit du pompage du golf, notamment si des restrictions de prélèvement étaient prises p234.
Le corridor écologique que représente cette zone sera donc impacté par le déficit de biodiversité des prairies et quelques déboisements de chênes 2930m2, taillis de feuillus sur 3620m2, plantations de bouleaux (780m2), et la ripisylve des ruisseaux sur une quarantaine de mètres (voir plan joint). Le projet est concerné par un site Natura 2000. Il s’agit de la ZSC « Vallées du Tarn, de l’Aveyron, du Viaur, de l’Agout et du Gijou » (FR 7301631). Ce site englobe donc l’Agoût et sa ripisylve. Le projet de golf n’est pas de nature à engendrer des effets significatifs sur des habitats ou espèces de ce site Natura 2000 p480 .
Conclusion
Le projet présente des effets sur l’environnement indéniables, notamment, sur la ressource en eau, avec les sécheresses estivales que nous connaissons et sur le côté nature de la moitié du site actuel qui va disparaitre au profit d’un espace aménagé. Les conclusions de l’étude d’impact environnementale minimisent les effets du projet sur l’environnement et sur son acceptabilité sociale.
Il est dit en p234 que le cadre paysager est favorable à l’intégration du projet d’extension. Le site est déjà paysager, avec des chemins qui le sillonnent, la présence de grands arbres bordant notamment la grande allée centrale, de petits boisements et de cours d’eau. La cohabitation entre golfeurs et promeneurs et cyclistes existe déjà sur ce site.
Par ailleurs, il y aurait une acceptabilité locale du projet favorisée par une communication avec les habitants via le magazine de la ville et par un positionnement historique du site. Cela est fortement remis en cause par le succès de la pétition motivée de Clémentine Chérel, en cours de circulation qui remet en cause notamment l’échec de la cohabitation des usagers actuels de la partie nature de Gourjade avec les golfeurs. Et défend les bienfaits pour la population de la partie « sauvage » de Gourjade.
L’aspect financier, coût et impact de l’aménagement, coût de l’entretien... dans le contexte de restrictions budgétaires infligées localement aux familles et aux associations, est très problématique surtout confronté aux quelques données chiffrées sur les catégories sociales bénéficiaires d’un tel équipement (pas facile à trouver sur internet).
Toutefois, dans le dossier AE, se trouve en annexe une étude réalisée pour Castres par la fédération française de golf en 2015 et qui semble avoir contribué à la prise de décision sur ce projet. En p665, sous le titre, potentiel de joueurs de la zone de chalandise, un graphique montre que le potentiel de joueurs pour un golf 18 trous augmente considérablement à partir de 50 000€ de revenus par an. Ce n’est pas le cas, selon cette étude pour un golf 9 trous (adhésion moins chère ?). De là à penser que ce projet d’extension du golf Gourjade à 18 trous est destiné à une poignée de riches, il n’y aurait qu’un pas à faire !!!!
Brigitte Masquelin
